lundi 7 septembre 2009

Détroit d'Austin

Étant retourné à bord de l'Arctic qui avait mouillé, comme je l'ai dit, contre le bord de la banquise polaire, je fis virer de bord, et naviguai en descendant le détroit d'Austin pour atteindre le cap Cockburn de l'île de Bathurst. En cours de route, chaque fois que nous le pûmes nous recueillîmes des sondes. Nous passâmes au large du cap Schomberg qui se détache majestueusement de la côte. Le 22 août, nous trouvant à trois milles au large du cap Cockburn nous mîmes le cap de façon à laisser l'île Moore sur bâbord. A 9.30 h. du matin nous étions à un demi mille au sud de cette île. A partir du cap Cockburn nous sondâmes tout le temps, et constatâmes la présence de hauts fonds jusque dans l'Est de l'île Moore. Puis, nous dûmes carguer quelques voiles et naviguer vers l'île Baker. Le champ de glace qui encombrait la majeure partie de la mer, avait là une vingtaine de pieds d'épaisseur et nous barrait le chemin. Nous y attachâmes notre navire et recueillîmes des sondes d'heure en heure, par des fonds de 38 à 77 brasses. L' Arctic commençait à être menacé par les glaces. Nous dûmes manœuvrer de façon à parer l'île Moore, vers laquelle nous dérivions. Le 23, nous décapelâmes nos amarres pour éviter d'être pris dans la banquise, et comme le vent sauta au sud-est, nous mîmes le cap vers l'ouest, près de l'île Garret, après quoi nous doublâmes l'île Moore à 4 milles de sa côte. Nous étions obligés de consulter la sonde pour manœuvrer, ce qui nous conduisit vers l'île Browne que nous atteignîmes à midi, le 23 août, par 74° 50' de latitude Nord et 96° 25' de longitude Ouest. De là, sous vapeur, nous suivîmes une éclaircie dans la banquise et amarrâmes le navire à la partie de" celle-ci qui tenait à la côte: entre les îles Browne et Somerville, par 95 brasses de fond.

Marées

Les glaces venaient maintenant du sud-ouest, et leur mouvement nous permettait d'observer la direction des marées au large des îles Browne et Somerville. Le courant de jusant se dirigeait vers l'est et le flot vers l'ouest, nous enfermant dans les glaces, sans que nous puissions nous en échapper. Le 24 août, dans la matinée, la banquise commença à se détacher, ce qui permit à l'Arctic de se diriger vers la pointe Ross, où nous l'attachâmes à la glace qui tenait encore au rivage, par 74° 30' de latitude Nord et 96° 24' de longitude Ouest. A cet endroit, nous nous approvisionnâmes d'eau douce, sur un grand champ de glace d'environ 50 pieds d'épaisseur, qui se trouvait à deux milles au nord de l'île Browne. Les sondes que nous recueillîmes accusaient des fonds de 47 brasses. Le temps était beau et clair et le vent soufflait de l'est. M. Jackson en profita pour faire des observations magnétiques sur la glace.

Au large de l'île Griffith: Nous sommes pris dans les glaces et voyons des morses.

Le 24, alors que nous étions enfermés de tous côtés par les glaces et qu'il nous était difficile d'avancer, pour la première fois nous aperçûmes des morses pendant la nuit. Comme j'étais décidé à sortir de cette situation critique, je montai dans le nid de corbeau afin de trouver un passage dans les glaces qui pût nous permettre d'évoluer librement. Je restai toute la journée en haut du mât, confiant la manœuvre du bâtiment au premier et au second lieutenant à qui je donnais toutefois des ordres de la place élevée où je me trouvais. A midi, étant au large de l'île Somerville, je pouvais a percevoir l'île Griffith, à environ 11 milles. Nous étant efforcés d'aller de l'avant, nous parvînmes dans le sud-ouest de cette île, mais nous ne pûmes aller plus loin, ce qui nous obligea à nous rapprocher de la banquise pour éviter que le bâtiment fût jeté à la côte. Tout le détroit était couvert de glace qui dérivait. L'île Griffith est de formation calcaire. Nous nous trouvions alors si près d'elle que nous pûmes en prendre plusieurs photographies. Dans le sud-ouest, nous apercevions très bien le cap Walker, de l'île Russell. Voyant qu'il était impossible de naviguer nous décidâmes de remplir d'eau douce nos réservoirs et les chaudières du navire. Le 28 à 3 h. du matin, le soleil se leva dans un beau ciel; la glace commençait à se détacher et à se fractionner, créant de petits chenaux, dans lesquels, du nid de corbeau, je pouvais diriger le navire. A midi, nous nous trouvions par 740 34' de latitude Nord et par 940 45' de longitude. Ouest, sur des fonds de 77 brasses. Le bâtiment était maintenant complètement arrêté par des barrières de glace, formées apparemment par les glaçons qui avaient dérivés autour de l'île et s'étaient échoués sur plusieurs points à la fois.

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