lundi 6 juillet 2009

Nous cherchons du charbon

Pendant notre séjour à Winter-Harbour, chaque fois qne nous le pûmes, nous ne manquâmes pas de chercher sur la côte des dépôts naturels de charbon. Aussi, comme le second-maître Vigneau disait avoir découvert un filon de ce combustible, je m'efforçai, à ce moment de mon voyage, de le localiser. MIais, à l'endroit signalé je ne trouvai que quelques morceaux de charbon isolés, apportés par l'eau et la glace. De filons ou de dépôts aucunes traces, ce qui ne manqua pas de nous décevoir considérablement. Car, rien ne désappointe plus que de voir des morceaux de charbon à la surface du sol, de chercher diligem­ment un filon que l'on croit voisin, puis de ne rien trouvé. Quelques jours plus tard me trouvant sur la pointe Reef en compagnie de M. Vanasse, nous vîmes, de nouveau, de ce charbon de surface, qui ressemblait à du cannel coal. Enfin, M. Vanasse en trouva aussi, apparemment de la même formation, près de la colline du N ord-Oluest.

A l'époque de l'année dont je parle, le temps, qui était beau, nous permit de recueillir un grand nombre de spécimens et de continuer les travaux que la venue du froid et du mauvais temps avait interrompus. Aussi, afin de vérifier les observations que nous avions déjà notées refîmes-nous un tour d'horizon de l'observatoire de Parry.

Le 9 juillet, avec cinq hommes, je construisis, sur la pointe Fife, un cairn de 10 pieds de hauteur où je plaçai un document relatant tout ce que nous avions fait dans ces parages, après quoi nous photographiâmes le cairn et là baie que forme en partie la pointe Fife. Seuls, de petits bâtiments peuvent mouiller dans cette baie. A ce moment la glace de la partie extérieure de la baie où était notre bâtiment fondait rapidement sous l'action de l'eau, mais elle avait encore 4 pieds d'épaisseur, cependant que dans la partie intérieure de la baie, sur les bords de lla crevasse des marées, elle en avait 5. Il n'y avait presque plus de neige ni à terre ni sur la glace. Le 12 juillet nous enverguâmes notre voile carrée. Dès lors nous nous préparâmes à quitter -Winter-Harbour le plus. tôt possible.

J’envoyai le second lieutenant et cinq hommes à l'île Dealy, pour réparer la cache qui s'y trouvait et y déposer des documents, signalant notre passage. Ces hommes devaient aussi construire des cairns sur les pointes Wakeham et Halse et sur le cap Bounty, et y laisser des documents. Quant à moi, en compagnie d'un matelot, je me rendis à terre à la recherche de charbon et constatai une fois de plus que le sol de l'île de Melville est meuble à sa surface, sans doute à cause de l'effet des glaces et du climat de la région. En cette occasion nos recherches n'eurent pas plus de succès que par le passé, car nous ne trouvâmes que quelques morceaux de charbon. Comme je me livrais à ces recherches, M. Vanasse, le second mécanicien et le second maître d'hôtel s'étaient rendus dans le même but dans la direction de la colline de la Table. Pendant que je cherchais du charbon, j’aperçus un nid de hiboux qui contenait six petits. J'en pris un et l’emportai à bord. A la même date, le second et le second-maître Lessard se rendirent à la pointe Hearne pour y laisser des documents. Eux aussi, tout en marchant, virent des morceaux de charbon, comme ceux dont nous avons parlé maintes fois. Toutes ces petites trouvailles contribuaient à me persuader qu'il existait peut-être des gisements de charbon dans ces parages. Aussi, le 17 juillet, en compagnie de A. Bouchard, je me rendis sur le lieu où le second avait aperçu des morceaux de charbon. Mais dès mon arrivée sur ce point je constatai que .des explorateurs avaient dû y établir un campement. Leur passage était signalé par des restes de vêtements en moleskine, du bois, un œillet de patte de voilure en cuivre, de vieilles boîtes de conserves en fer-blanc, et du charbon. Nous rapportâmes tous ces objets à bord pour mieux les examiner, tout en étant déçus, une fois de plus, quant à la découverte de gisements de charbon. Enfin, on ramassa aussi plusieurs morceaux de ce combustible sur la grève de la pointe Hearne. Ils y avaient été apparemment apportés par les glaces. D'après tout ce que j'ai vu de ce corps, durant notre séjour à Winter-Harbour, je suis porté à croire que ces morceaux aperçus sur plusieurs points, n'étaient pas éloignés d'une .grande masse de charbon de terre qui doit être presque en surface: peut-être même le long de la côte, en eau peu profonde, à proximité des localités où nous fîmes des recherches.

A l'époque de l'année dont je parle le temps était fort beau, et se prêtait à toutes sortes de travaux et à des excursions au loin. Aussi, M. McMiillan, le géologue de ll’expédition, décida-t-il d'aller faire des recherches sur les bords du golfe de Liddon. Il emmena, comme aide, le matelot Reuben Pike, qui passait à bord pour un débrouiillard. Pendant ce temps, J. Lessard allait jusqu'à 6 milles dans l’ouest du bâtiment, pour se rendre compte de l’état de la glace, qui, dit-il en revenant à bord, était très blanche et recouverte d’une épaisse couche d’eau. Nous étions maintenant au 20 juillet, et la débâcle commençait à se faire sentir dans la baie. Ce jour-là, bien que le vent fût du nord, nous entendîmes les premiers roulements de tonnerre de lla saison. La lecture des instruments nous démontra que la déclinaison magnétique étaiit de 940 Est, ce que nous attribuâmes à l'effet de l'électricité atmosphérique. Vers cette époque nous constatâmes la présence d'un grand lac à environ 4 milles dans le sud-ouest du bâtiment. Au retour de la promenade qui nous avait permis de faire cette découverte, nous tuâmes quatre superbes rennes avant d'atteindre le navire; puis, le 23, nous abattîmes un magnifique bœuf musqué qui, une fois dépouillé et vidé, ne pesait pas, moins de 350 llivres. Déjà arrivaient vers nous les canards et d’autres oiseaux sauvages, qui vivent dans l’’extrême nord tant que dure le court été de ces régions.

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